Dom Juan - Réception et commentaires...
Comme demandé, voici le libelle d'un certain Rogemont, qui résume bien ce que les esprits bien pensant de l'époque, et surtout les dévots, pouvaient trouver de scandaleux dans la pièce. On suppose d'ailleurs que sous ce pseudonyme se cacherait un grand seigneur (le Prince de Conti ?) ancien libertin (méchant homme) reconverti en dévot, tout comme Dom Juan se propose de le faire dans la pièce...On comprend mieux la colère de certains, et l'interdiction de la pièce !
Une religieuse débauchée et dont l'on publie la prostitution.
Un pauvre à qui l'on
donne l'aumône à condition de renier Dieu.
Un libertin qui séduit
autant de filles qu'il en rencontre.
Un enfant qui se moque de
son père et qui souhaite sa mort.
Un impie qui raille le
ciel et qui se rit de ses foudres.
Un athée qui réduit toute
la foi à deux et deux sont quatre et quatre et quatre sont huit.
Un extravagant qui
raisonne grotesquement de Dieu et qui par une chute affectée casse le nez à ses
arguments .
Un valet infâme créé au
badinage de son maître, dont la créance aboutit au moine bourru car pourvu que
l'on croit au moine
bourru tout va bien, le reste n'est que bagatelle.
Un démon qui se mêle dans
toutes les scènes et qui répand sur le théâtre les plus noirs fumées de
l'enfer.
Et enfin, un Molière,
pire que tout cela, habillé en Sganarelle, qui se moque de Dieu et du Diable,
qui joue
le Ciel et l'Enfer, qui
souffle le chaud et le froid, qui confond la vertu et le vice, qui croit et ne
croit pas, qui
pleure et qui rit, qui
reprend et qui approuve, qui est censeur et athée, qui est hypocrite et
libertin, qui est
homme et démon tout
ensemble. Un diable incarné comme lui-même se définit.